Présentation

Le projet d’un atlas linguistique de la Wallonie a démarré en 1920 à Liège, d’abord par une grande enquête orale entre 1924 et 1959, ensuite par l’édition de ces matériaux et leur publication dès 1953. Une petite dizaine de linguistes se sont attelés à la tâche, permettant la publication et la mise en ligne de 10 volumes jusqu’à aujourd’hui (voir les repères chronologiques).

Genèse: l’enquête orale

En 1920, Jean Haust est chargé du cours de philologie wallonne créé à l’Université de Liège. Il conçoit alors le projet d’une vaste enquête orale sur les patois romans de la Belgique, afin de rassembler «une documenta­tion sûre et méthodique, qui pourrait en même temps servir à l’élaboration d’un atlas» (ALW 1, 10). Il confectionne un questionnaire permettant de recueillir en chaque point d’enquête environ 4500 mots ou formes. Le questionnaire, composé de 2100 questions à traduire, fut élaboré sur le modèle des questionnaires de Gilliéron pour l’Atlas linguistique de la France (ALF) et de Charles Bruneau pour son Enquête linguistique sur les patois d’Ardennes (Paris, 1914-1926). 

Entre 1924 et 1946, Jean Haust conduit la plus grande part des enquêtes, en 210 localités. À sa mort en 1946, ses disciples, sous l’impulsion de Louis Remacle, continuent les enquêtes en plus de 100 nouveaux points, portant à 342 le nombre de localités visitées (voir la liste des points d’enquête). De ces 342 points, 305 forment le maillage de base de l’ALW.

Méthode d’édition

L’Atlas linguistique de la Wallonie se démarque des atlas de France quant à la méthode d’édition des matériaux. En effet, dans l’ALF et dans les atlas de France par région, les données brutes de l’enquête sont retranscrites directement sur les fonds de carte. L’ALW, au contraire, a pour objectif d’expliquer et de classer les matériaux recueillis. Ces derniers sont notamment intégrées dans un cadre historique galloroman, grâce à un dialogue constant avec d’autres ressources lexicographiques comme le Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW). Quant aux cartes, elles sont subordonnées au texte; en outre, elles ne contiennent pas de formes, mais des symboles représentant les types (phonétiques, morphologiques ou lexi­caux) dégagés par l’analyse. L’ALW se distingue donc par une structure particulière, à mi-chemin entre atlas et dictionnaire.

Publication de l’ALW

Le programme de publication a été tôt fixé. Le tome premier, qui s’ouvre par la présentation générale de l’ouvrage, a trait aux aspects phonétiques des patois; le second, aux aspects morphologiques. Ces deux volumes introduisent au reste de l’œuvre, qui entend être un tableau du lexique belgoroman abordé par champs notionnels: phé­nomènes atmosphériques et divisions du temps (tome 3); maison et ménage (4 & 5); terre, plantes et animaux (6 à 8); ferme, culture et élevage (9 à 11); métiers et outils (12 & 13); corps humain et maladies (14 & 15), actes et gestes de l’homme (16), vie sociale (17 & 18), vie intellectuelle et morale (19), vocabulaire abstrait (20).

Des vingt volumes prévus, dix sont actuellement publiés (volumes 1 à 6, 8, 9, 15 et 17), ainsi que les trois volumes du Petit atlas linguistique de la Wallonie, qui rassemble les cartes les plus représentatives des particularités linguistiques du domaine. Voir la vue d’ensemble de l’oeuvre pour la liste des volumes parus et à paraître, ainsi que la table des matières pour la liste des notions traitées dans chaque volume.

L’ALW a par ailleurs été doté d’une interface de consultation en ligne à partir de 2020, année de son centième anniversaire. Ce projet de mise à disposition des données en libre accès est porté par l’Institut de Dialectologie wallonne, sous la direction du prof. Marie-Guy Boutier.

Rédacteurs et collaborateurs

A la suite de Jean Haust, « père de l’ALW », plusieurs rédacteurs ont contribué à l’entreprise: †Elisée Legros (ALW 3), †Louis Remacle (ALW 1, ALW 2), Jean Lechanteur (ALW 4, ALW 5, ALW 6, PALW 1-3), Marie-Thérèse Counet (ALW 9, PALW 1-3), Marie-Guy Boutier (ALW 6, ALW 8, ALW 15, PALW 1-3), Martine Willems (PALW 2, PALW 3) et Esther Baiwir (ALW 17, Index). Actuellement, l’équipe compte également Matthieu Balthazard (notices en cours de rédaction) et Pascale Renders (mise en ligne de l’ALW et interface d’interrogation).

Par ailleurs, l’ALW s’inscrit dans une longue tradition d’édition et d’analyse de matériaux dialectologiques et d’autres équipes partagent, du moins partiellement, nos préoccupations. Des liens scientifiques étroits ont été tissés avec divers partenaires: le Glossaire des patois de la Suisse romande (GPSR), le Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW), le Dictionnaire étymologique roman (DÉRom) ou encore l’Atlas linguistique roman (ALiR).

Repères chronologiques

  • 1921: rédaction du questionnaire par Jean Haust
  • 1924: début des enquêtes
  • 1946: décès de Jean Haust; ses successeurs continuent les enquêtes; L. Remacle hérite de la chaire de dialectologie de l’Université de Liège.
  • 1953: parution de l’ALW 1 (Remacle)
  • 1955: parution de l’ALW 3 (Legros)
  • 1959: fin des enquêtes
  • 1969: parution de l’ALW 2 (Remacle)
  • 1976: parution de l’ALW 4 (Lechanteur)
  • 1979: J. Lechanteur est désigné dans la chaire de dialectologie de l’Université de Liège.
  • 1987: parution de l’ALW 9 (Legros/Counet)
  • 1990: parution du PALW 1 (Lechanteur/Boutier/Counet)
  • 1991: parution de l’ALW 5 (Lechanteur)
  • 1992: parution du PALW 2 (Lechanteur/Boutier/Counet/Willems)
  • 1994: parution de l’ALW 8 (Boutier)
  • 1997: parution de l’ALW 15 (Boutier)
  • 1995: parution du PALW 3 (Lechanteur/Boutier/Counet/Willems)
  • 2000: M.-G. Boutier est élue à la chaire de dialectologie de l’Université de Liège.
  • 2006: parution de l’ALW 6 (Boutier/Counet/Lechanteur)
  • 2011: parution de l’ALW 17 (Baiwir)
  • 2020: mise en ligne de l’ALW (Boutier/Renders)